Schola ULB

News

général

Portrait du mois - novembre 2023

2023-11-15 16:55:40
Portrait

Pascale Labiau est experte et experte du Dispositif d’Accrochage Scolaire (DAS) au sein de Perspective.Brussels.  Elle a accepté de nous apporté son expertise sur ce dispositif et sa vision du Programme Tutorat de Schola ULB. Voici son interview : 

 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Pascale Labiau : « J’ai commencé ma carrière à la Communauté française en tant qu’experte en petite enfance. De là, j’ai évolué entre différents services mais toujours liés à l’enseignement et la culture et ce pendant 12 ans. En juillet 1999, le cabinet du Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale m’a proposé de mettre en place et de gérer le Dispositif d’Accrochage Scolaire. Cette coordination s’effectue tant au niveau administratif qu’analytique.  »  

 

Pouvez-vous nous expliquer qu’est-ce que le Dispositif d’Accrochage Scolaire et quels sont ses objectifs ? Est-ce que beaucoup d’écoles font appel à ce dispositif ? ?

Pascale Labiau : « Le but du DAS est de mettre à la disposition des établissements scolaires des 19 communes bruxelloises (francophones et néerlandophones, tous réseaux confondus) les moyens leur permettant de favoriser et de collaborer à l’accrochage scolaire des élèves, par la lutte contre l’absentéisme, la violence et les incivilités, des projets axés sur l’insertion des jeunes fragilisés.

Les objectifs sont :
– Renforcer l’engagement psychosocial des enfants et des jeunes
– Favoriser l’engagement pédagogique des enfants et des jeunes
– Réaliser une transition plus fluide aux moments cruciaux du parcours scolaire 

Les activités proposées doivent être gratuites pour les bénéficiaires. Le but du DAS n’est pas de lutter contre le décrochage scolaire mais surtout de le prévenir en améliorant l’accrochage scolaire. Attirer les jeunes dans les écoles en les rendant plus attractives, de manière parfois très diverse, en améliorant l’ambiance, le cadre de vie telles sont les missions du DAS.

Le DAS a permis aux politiques de prendre conscience de l’importance du décrochage scolaire, de ses retombées et du danger pour ces jeunes, tant au niveau social qu’économique.

Aujourd’hui, nous avons plus de 300 établissements scolaires dans les projets. Vu le nombre exponentiel des demandes par rapport au budget alloué nous avons dû prendre en compte l’indice socio-économique ainsi que le taux de décrochage des écoles. »

 

Selon votre expertise, quels sont les défis et les enjeux actuels pour une scolarité réussie des élèves bruxellois ?

Pascale Labiau : « Depuis ce triennat, nous nous sommes rendu compte qu’il fallait aussi intervenir sur le bien-être des élèves, comme lutter contre le (cyber) harcèlement et prendre en compte la santé mentale des jeunes. Quelque part, le Covid a accentué le malaise des jeunes, le retard scolaire de certains ainsi qu’une grande disparité pour un public fragilisé face à l’accès au matériel informatique. Aussi nous nous rendons compte de l’importance d’impliquer le plus possible les parents dans la scolarité de leurs enfants, et leur fournir des ressources pour les aider.

Pour cela, le DAS intervient sur plusieurs facteurs de risque, essentiellement liés au niveau du jeune, de la famille et de l’école. Nous soutenons des projets d’aide aux devoirs, de remédiation, de tutorat, de cohésion et citoyenneté, de lutte contre la violence, mais en ce qui me concerne, le plus important est l’apprentissage de la langue de l’enseignement. »

 

 Que diriez-vous à une école qui souhaite inscrire son action auprès de ses élèves en difficulté dans le dispositif de l’accrochage scolaire ?

Pascale Labiau : « Surtout commencer par l’écoute des jeunes et de l’équipe pédagogique.
Il faut que ces initiatives soient adaptées aux besoins spécifiques des jeunes concernés et mettre une approche coordonnée entre les enseignants, les parents et les élèves pour obtenir des résultats positifs. Ce qui n’empêche pas que certains projets peuvent évoluer en fonction des demandes des jeunes et des enseignants…c’est l’avantage du DAS, du moins sa philosophie !
Rien n’est définitif et peut évoluer en fonction des évaluations et/ou des ressources extérieures.  » 

 

 Que pensez-vous du Programme Tutorat de Schola ULB et de son fonctionnement ?

Pascale Labiau : « Je trouve que cette approche est très intéressante. En effet, l’approche est différente et c’est cela qui m’intéresse, nous sortons du concept enseignant-élèves, avec un accompagnement par les pairs avec le Programme Tutorat.

Les élèves ont une relation privilégiée avec un étudiant du supérieur : ils peuvent le prendre comme un modèle, une personne à qui poser des questions. Le fait de discuter avec un jeune adulte engagé dans ses études permet aux élèves de s’identifier à ce « modèle » et de s’en inspirer. Le partage des expériences est riche et favorise un accrochage à l’école.

Les élèves peuvent discuter avec un étudiant et cela leur permet de se projeter dans l’avenir. Les tuteurs sont invités à partager leurs expériences et leurs « trucs et astuces » aux élèves quant à leur méthode d’apprentissage.  

C’est une attention individuelle et un soutien émotionnel. »

 

Auriez-vous un message que vous aimeriez transmettre à tous nos élèves-tutorés ainsi qu’aux étudiants-tuteurs qui s’engagent à leurs côtés ?

Pascale Labiau : « En ce qui concerne les élèves tutorés : Ils ont la chance de découvrir des jeunes engagés, qui les comprennent, qui les soutiennent et qui font tout pour les faire réussir.

Pour les étudiants-tuteurs, je crois que ça leur permet de mettre leurs connaissances au service de jeunes en difficulté, c’est très honorable. Et peut-être devenir de futurs enseignants…nous en avons besoin ! » 

 

■  Prochainement, vous partirez en retraite. Qu’est-ce que vous aurez le plus apprécié dans votre fonction ? Quel était votre plus grand défi ?

Pascale Labiau  : « Je croyais que j’allais mener ce dispositif pendant 5 ans…et après 24 ans, j’y suis toujours. Mon défi était et est encore de donner la possibilité aux plus fragilisés d’avoir accès au meilleur. Être le mieux encadrés pour leur avenir.

J’ai beaucoup apprécié la lecture des évaluations, voir les réussites d’une partie des jeunes grâce aux projets, les retours du terrain : coordinations communales, associations, établissements scolaires.

J’ai également apprécié me sentir intervenante dans cette problématique, en prendre conscience et de pouvoir la diffuser et partager. »

 

 Que pouvons-nous vous souhaiter pour votre retraite ?

Pascale Labiau : « J’imagine que ma retraite sera une période de découverte, de créativité et de partage, où mes passions pour la cuisine, la nature et surtout les enfants occuperont une place spéciale dans ma vie. Mon amour pour les enfants est inébranlable, ma retraite me donnera l’opportunité de m’impliquer davantage dans des activités bénévoles »

 

Si vous étiez un loisir-hobby, lequel seriez-vous et pourquoi celui-là ?

Pascale Labiau : « La cuisine ! J’adore cuisiner ! Mais surtout, j’adore les épices, une passion pour leur goût mais aussi leurs vertus. Les épices et les herbes sont non seulement utilisées pour aromatiser des plats, mais elles offrent de nombreux avantages pour la santé.

Il peut sembler difficile de mettre en corrélation la découverte des épices avec un travail de bureau portant sur le décrochage scolaire, car ce sont des domaines très différents. Cependant, on peut envisager une approche métaphorique pour explorer une telle corrélation :

– Variété et diversité : tout comme les épices apportent de la variété et des saveurs à la cuisine, la diversité des approches éducatives peut contribuer à lutter contre le décrochage scolaire. En offrant aux élèves une variété de méthodes d’apprentissage, on peut mieux répondre à leurs besoins individuels.
– Stimulation sensorielle : les épices éveillent nos sens. De la même manière, des approches pédagogiques stimulantes et engageantes peuvent susciter l’intérêt des élèves pour l’apprentissage, réduisant ainsi le risque de décrochage.
– Equilibre des saveurs : tout comme un plat équilibré combine différentes saveurs, un environnement scolaire équilibré peut combler l’apprentissage académique avec des activités créatives, sportives et sociales pour maintenir les élèves motivés.
– Le pouvoir des mélanges : les épices sont souvent mélangées pour créer des saveurs uniques. De la même manière, une approche multidisciplinaire de l’éducation peut créer des expériences uniques pour les élèves.

Bien que la corrélation entre les épices et le décrochage scolaire soit métaphorique, elle souligne l’importance de la diversité, de la stimulation et de l’équilibre dans l’éducation pour prévenir le décrochage scolaire. »