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PORTRAIT DU MOIS - JUIN 2020

2020-06-17 17:15:47
PORTRAIT

Marta MARSILI, attachée pédagogique pour les Maisons de Quartier communautaires de l’asbl Molenbeek Vivre Ensemble (MOVE) et coordinatrice de certaines de ces structures partenaires de Schola ULB, a accepté de répondre à nos questions. Voici son interview :

 

Depuis quand connaissez-vous Schola ULB et qu’est-ce vous appréciez dans ce soutien scolaire ?

Je connais Schola ULB depuis des années et déjà de loin, j’appréciais la qualité de leur travail. Il y a trois ans, j’ai eu l’occasion de commencer à travailler concrètement avec eux via un projet de tutorat pour les élèves de 6ème primaire que j’ai mis en place pour nos structures.

J’ai eu le plaisir de rencontrer des personnes formidables et militantes, tant à la manœuvre du projet que dans sa réalisation concrète au jour le jour. Nous travaillons avec des enfants et des jeunes qui se retrouvent parfois en grandes difficultés scolaires : les jeunes tutrices qui ont animé les séances de tutorat se sont toujours montrées compétentes, à l’écoute des enfants et des familles… un lien de confiance s’est installé au fil des années et la collaboration devient structurelle. Le projet de tutorat a évolué et depuis un an, Schola ULB est devenue partenaire incontournable de notre projet « Classe D, comme démocratie et débrouillardise » : un projet d’accompagnement scolaire et de soutien aux enfants de 6ème primaire dans la transition vers le secondaire.

 

Qu’appréciez-vous dans votre rôle de « coordinateur » du tutorat Schola ULB et que diriez-vous à ceux qui hésiteraient à le devenir dans leur établissement ?

Le travail de coordination n’est pas toujours chose aisée car il faut penser à mille choses et parce que tout projet est confronté aux aléas de la vie… regardez cette histoire de pandémie qui a mis à rude épreuve des systèmes déjà « précaires ». Mais quand on peut compter sur de bons partenaires de projet qui prennent leur part de responsabilités, qui vous déchargent en quelque sorte de devoir tout anticiper et gérer, alors c’est merveilleux. Et c’est comme cela que ça se passe avec Schola ULB. Les membres de l’équipe reponsables du pôle « établissements partenaires » sont attentives à nos besoins, elles font le nécessaire pour que le poids de l’organisation repose sur plusieurs épaules, elles proposent des tutrices et des tuteurs-tutrices compétent.e.s, engagé.e.s, formé.e.s aux enjeux de travailler avec des enfants en difficulté scolaire et avec des équipes en place. On se sent épaulé, encouragé et avec plein d’envies de développer de nouveaux projets.

 

Comment le tutorat à distance s’est-il mis en place durant la période de confinement ?

Tout de suite et bien. Dès l’annonce du confinement, le 13 mars, j’ai reçu un WhatsApp des tutrices qui, d’une seule voix, ont annoncé leur souhait de continuer les suivis. Pour elles, laisser les enfants dans le vide n’était juste pas possible. Dès la première semaine du confinement, nous avons transformé ensemble ce projet de suivis collectifs en suivis individuels. Les enfants ont alors pu bénéficier de deux heures par semaine de soutien scolaire rien que pour eux. Les familles en ont été ravies ! Avec les tutrices, des dossiers scolaires ad hoc ont été créés pour les enfants sans devoirs ou pour retravailler des apprentissages spécifiques.

Je remercie évidemment mon asbl d’avoir mis à disposition les moyens financiers nécessaires pour réaliser cet exploit et Schola ULB d’avoir pris en charge l’organisation matérielle de ces suivis. Et je remercie au plus haut point Chaimaa, Hajar, Inas, Meriem et Solange pour leur engagement formidable ! Quel plaisir de travailler dans ces conditions !!!


Que retirez-vous de positif de cette expérience particulière ? Des choses vous ont-elles surprises ?

J’ai été agréablement surprise par la capacité de résilience des enfants, par leur envie de continuer à vouloir apprendre, pour le courage qu’ils/elles ont manifesté dans la poursuite des activités avec les moyens du bord : pas d’ordinateur pour mettre sur pieds des plateformes, juste le téléphone de leurs parents pour les vidéos-appels WhatsApp, des dossiers d’école et de l’asbl pour qu’ils puissent encore travailler à partir de la matérialité du papier, les photos des devoirs qui transitaient d’un téléphone à l’autre, les explications et les questions qui tenaient au bout du fil…. J’ai eu également des contacts avec certain.e.s enseignant.e.s pour comprendre comment aider les enfants au plus près de leur besoin et ça a été un très beau moment de partage. Certes, dans toute cette joie, il ne faut pas oublier de constater que l’école a besoin de changements importants et de moyens pour réaliser sa mission d’enseignement et d’apprentissage… Des enfants sont restés sur le carreau, dans des familles qui n’ont pas la possibilité de les aider… cette pandémie n’a fait que montrer les inégalités scolaires qu’on dénonce depuis belle lurette et cela oblige au changement…

 

Pourquoi pensez-vous qu’il est important de continuer cette initiative de Tutorat, même à distance ?

Le tutorat à distance nous a permis de rester en contact avec les enfants qu’on suivait au quotidien, de construire un lien encore plus fort avec leurs familles. Ce temps suspendu nous a également permis de travailler en profondeur certains apprentissages qui leur posaient problème…, de faire une « pause sur image » que l’avancement du temps didactique rend quasi impossible, tellement les enfants ont des devoirs à faire tout au long de la semaine.

Ce temps suspendu nous a également permis de réaliser des projets un peu alternatifs : de s’essayer à la lecture d’un texte de Raymond Queneau via le projet « Exercices de style en confinement », de créer un journal de la Classe D, etc.


Que souhaitez-vous dire aux élèves, étudiants et aux équipes éducatives en cette période particulière ?

Je ne crois pas que ce soit à moi de dire quelque chose. J’écoute plutôt les enfants et les professionnel.le.s, je m’émerveille de leur force et j’apprends d’eux/elles comment surmonter ces temps difficiles en restant créatifs, tout en se mobilisant pour un changement de fond de notre système d’enseignement et social… Pour que les savoirs prennent corps chez l’ensemble des enfants, pour que le plaisir de découvrir, de s’essayer, d’expérimenter, de connaitre et de se développer soit l’apanage de l’ensemble des familles et pas seulement de celles qui détiennent le capital culturel et économique adéquat….


Quelle est la première activité que vous ferez lorsque le confinement sera levé ?

Les Ecoles de Devoirs de MOVE asbl vont rouvrir leurs portes dès la moitié du mois de juin et durant l’été. Le contenu et l’organisation des activités sont encore envisagés en petit groupe pour respecter les règles de déconfinement progressif et la santé de tou.te.s. Les équipes préparent des activités ludiques et de reliance. Au niveau de la Classe D, on met en place des ateliers d’apprentissage-découverte et problématisation : ateliers nature, scientifiques, etc.

On prépare également une grande fête pour se retrouver et se remercier, dès que cela sera possible : remercier les tuteurs-tutrices, les enfants, les parents…les équipes qui ont été proches d’eux… Et puis faire le point sur le futur proche et lointain, construire des revendications communes, essayer de voir comment renforcer l’action des Ecoles de Devoirs à partir des besoins réels que cette période de pandémie a encore une fois mis en lumière. Et puis, rendez-vous en septembre avec les tuteurs-tutrices de Schola pour des nouvelles aventures !