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Portrait du mois - Février 2023
2023-02-17 12:05:43Lola Acedo est professeur de français de formation et actuellement au poste de chargée des sections BES (Bachelier en éducation spécialisée) et CAP (certificat d’aptitudes pédagogiques) pour ce qui est du volet de la langue française à la Haute Ecole « Lise Thiry », une école de promotion sociale pour adultes. Elle a été tutrice pendant 4 années avant d’endosser aujourd’hui le rôle de membre du Conseil d’Administration de l’asbl. Elle a accepté de répondre à nos nombreuses questions. Voici son interview :
■ Depuis combien de temps connaissez-vous l’asbl Schola ULB ? Vous souvenez-vous de la première fois dont vous en avez entendu parler ?
Lola : « C’est en 2015 que j’ai eu connaissance du Programme Tutorat de Schola ULB. J’ai rejoint l’ASBL dans la foulée. Je me souviens d’avoir vu des affiches sur le campus. J’étais à la recherche d’un job étudiant et, surtout, d’un lieu de stage avant l’heure. En effet, voulant me lancer dans un master en didactique par la suite, je souhaitais faire mes preuves et voir si le métier était réellement fait pour moi. »
■ Pendant combien de temps avez-vous été tutrice ?
Lola : « J’ai été tutrice durant 4 chouettes années ! À l’époque, on ne pouvait pas commencer en Bac 1 (sinon, je l’aurais fait avant 😉 ) donc j’ai commencé en Bac 2 jusqu’à la fin de mes études, à l’été 2019. »
■ Une anecdote en particulier avec vos élèves à nous partager durant ces années en tant que tutrice ?
Lola : « J’en ai un tas, des bonnes comme des mauvaises ! Les élèves m’en ont fait voir de toutes les couleurs durant ces années de tutorat, j’ai vu des histoires touchantes, difficiles, mais de belles histoires aussi. Je me souviens d’une élève de rhéto qui participait au Programme Tutorat. Elle avait pas mal de difficultés, mais elle se donnait vraiment les moyens de réussir. À la fin du module, je lui avais laissé mes coordonnées car elle m’avait dit ne pas s’être positionnée par rapport à la question de l’orientation. C’est un volet que nous avions abordé durant les séances, étant donné que c’est un des piliers du tutorat : ouvrir des perspectives d’avenir. Bref, près de 6 mois plus tard, je reçois un coup de téléphone d’un numéro inconnu. C’était cette élève en question qui souhaitait m’informer du fait qu’elle s’était inscrite en Haute Ecole et qu’elle avait trouvé sa voie. Elle me remerciait de tout ce que j’avais fait pour elle. Pour moi, c’est l’aboutissement de ces séances de tutorat et une merveilleuse reconnaissance. J’en ai pleuré !»
■ Schola ULB recrute encore actuellement des étudiant.e.s pour venir soutenir les élèves durant ce second quadrimestre, que diriez-vous à ceux qui hésiteraient à se lancer dans cette aventure ?
Lola : « Je dirais à ces étudiants qu’ils n’ont rien à perdre ! Pour moi, le programme du tutorat, les chiffres et sa réussite apparente parlent d’eux-mêmes. Mais, s’il fallait plus d’arguments encore, je leur dirais d’essayer. Rares sont les étudiants-tuteurs qui ont regretté leur choix. Ils verront que ce n’est pas un « simple » job d’étudiant, c’est bien plus que ça, c’est un engagement citoyen, un volontariat défrayé qui a du sens, auquel on s’attache, qu’on n’a pas envie de laisser tomber. Et, pour les plus récalcitrants d’entre eux, je parlerais des soft-skills qu’ils pourront mettre en avant sur le marché du travail. Être étudiant-tuteur, c’est aussi en apprendre plus sur soi, gérer un groupe, apprendre la patience, se former, s’enrichir d’expériences et de connaissances, partager, voir grandir et grandir à son tour. »
■ En quoi cette expérience en tant que tutrice a pu avoir un impact sur votre parcours professionnel ?
Lola : « Disons que, sur ce point-là, je fais partie des étudiants-futurs profs qui ont un peu utilisé Schola comme terrain de stage avant l’heure. L’expérience Schola ne m’a pas donné envie de me lancer dans l’enseignement – car cette envie était préexistante – mais elle m’a conforté dans mon choix d’études autant qu’elle m’a donné les clés pour me lancer dans le métier. En effet, bien que les sections pédagogiques proposent un certain nombre d’heures de stage, elles sont, à mes yeux, bien insuffisantes. En outre, les séances de tutorat m’ont également apporté de nombreuses compétences qui me servent à l’heure actuelle. Par exemple, le fait de travailler en petit groupe avec des niveaux différents rappelle le principe de l’enseignement différencié : l’enseignant s’adapte aux capacités et aux demandes de chacun. Ou encore, la gestion de classe : bien que les élèves soient majoritairement là sur base volontaire, des problèmes de comportements surviennent régulièrement. Le tuteur joue plutôt le rôle de « grand-frère/grande-sœur », mais il est aussi là pour poser le cadre ainsi que les règles du groupe. Je pense d’ailleurs que c’est le point qui m’a le plus servi dans ma carrière professionnelle.
Enfin, du point de vue des opportunités professionnelles, le rôle de Schola est absolument indéniable ! Non seulement ma participation accrue au Programme Tutorat (bien connu dans les écoles bruxelloises et d’ailleurs) était source de questionnements et d’approbation lors d’entretiens d’embauche mais aussi, cela m’a littéralement permis de trouver un emploi. De fait, l’été qui a suivi la fin de mes études, j’ai participé, comme chaque année au programme du tutorat été. A la fin du module, je suis allée trouver la direction de l’école dans laquelle se déroulait mon tutorat en demandant si, par hasard, ils n’avaient pas un poste à me proposer – étant donné que je n’avais pas encore de perspective pour la rentrée à venir – et ils m’ont engagée ! »
■ En tant que professeure, pourquoi le Programme Tutorat a selon vous toute sa place au sein d’établissements scolaires ou non scolaires du primaire au secondaire ? Que diriez-vous aux établissements qui hésiteraient à collaborer avec Schola ULB ?
Lola : « En tant qu’ex-tutrice et professeure, je peux affirmer sans aucun doute que le Programme Tutorat est indispensable dans les écoles. La seule position que je n’ai pas occupée est celle des élèves-tutorés mais je pense que les évaluations remplie par les élèves parlent d’eux-mêmes pour ce point.
Schola ULB permet d’une part aux étudiants-tuteurs d’avoir accès à un accompagnement de qualité, gratuit et sur le lieu d’enseignement – ou dans un lieu proche de chez eux pour ce qui est des maisons de quartier. Pour les élèves précaires, dont les parents ne pourraient pas financer des leçons privées, c’est une chance immense. Les séances de tutorat offrent aux élèves une aide personnalisée en fonction des besoins de chacun, elles sont aussi l’occasion d’ouvrir de nouvelles perspectives, de mettre en avant les qualités et les points d’amélioration, de créer de nouveaux liens, de se dépasser, de prendre confiance en soi…
D’autre part, elle est un atout de taille pour les enseignants. Le tuteur est l’allié du professeur, il le complète. Le premier peut prendre le temps de revenir sur certains points énoncés par le second, réexpliquer avec d’autres mots, d’illustrer, de proposer d’autres exercices ou exemples. Le tuteur est un relais, un médiateur. Les élèves vont parfois lui confier des éléments qu’ils n’oseraient pas dire à l’enseignant. Ce dernier sait que les élèves en difficulté seront pris en charge et cela le rassure.
Je dirais donc aux établissements qui ont encore besoin d’être convaincus que, lorsque l’on se lance dans le Programme Tutorat, quel que soit le poste que l’on occupe, on est gagnant ! Les élèves y trouvent tantôt une aide scolaire, tantôt une oreille attentive, les enseignants y gagnent en temps et en énergie et les directions ne peuvent que se réjouir d’accueillir un programme aussi enrichissant au sein de leur établissement. »
■ Quelle est selon vous la/les particularité(s) qui rend(ent) unique le « Programme Tutorat » de Schola ULB ?
Lola : « A mes yeux, plusieurs éléments en font une expérience unique. Tout d’abord, la proximité que l’on peut créer avec les élèves. Les groupes étant relativement petits (maximum 8 élèves), l’ambiance y est intimiste et propice à la confidence. Les élèves osent non seulement poser des questions qu’ils n’auraient pas osé poser en classe mais ils sortent également du cadre de la matière pour élargir les perspectives. Ensuite, un des atouts majeurs de Schola, c’est son organisation. Entre la formation de base, les formations continues, les échanges de pratique, la création d’une base de données (physique et papier), le suivi étroit de l’équipe et les évaluations à remplir à la fin du module pour faire le point, Schola ULB est un programme plus qu’abouti et dont le sérieux ainsi que la réussite ne sont plus à prouver ! C’est un des rares programmes dans lequel tous les acteurs (élèves, enseignants, direction et étudiants-tuteurs) sont encadrés, suivis et questionnés pendant et après chaque module. Pour les étudiants-tuteurs aussi, c’est une réelle plus-value tant sur le plan personnel que professionnel, ce qui permet à Schola ULB de se démarquer par rapport à bon nombre de jobs d’étudiant. »
■ Vous êtes depuis quelques années l’une des membres du Conseil d’Administration de l’asbl, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous investir dans ce rôle pour Schola ULB ? Comment décririez-vous un conseil d’administration de Schola ULB ?
Lola : « Lorsqu’on m’a proposé le rôle d’administratrice au sein de l’ASBL, je n’ai pas hésité une seule seconde. Pour moi, c’était l’aboutissement de mon parcours au sein du programme. Après avoir été tutrice puis ambassadrice, je me suis glissée en coulisse afin de voir la machine de l’intérieur. Je pense qu’il est très important d’accueillir, au sein de ce CA d’anciens (ou d’actuels) tuteurs afin d’avoir un regard des acteurs de terrain qui sont au cœur de ce programme. D’un autre côté, cela permet de voir le tutorat sous un autre angle, plus organisationnel, stratégique. Mon objectif, en intégrant ce CA était double : faire part de mon expérience afin d’améliorer le programme et continuer d’avoir un pied dans l’ASBL, la voir grandir et se perfectionner.
Lors des CA, chacun a son rôle à jouer. Les administrateurs viennent d’horizons divers et apportent leur bagage personnel et professionnel. En tant qu’ex-tuteur, on se sent intimidé au départ, on ne se trouve pas légitime pour intégrer un tel CA. Mais on se rend rapidement compte que Schola est une grande famille, jusque dans ses plus hautes sphères. On est accueillis au même titre que les autres et nos idées comptent. Les AG sont des moments conviviaux, bien que ce soient des temps de travail et de réflexion.»
■ En juin dernier, vous avez fait un magnifique discours dans l’une des salles du Parlement Bruxellois à l’occasion de la remise du 2ème Prix Rotary de la Citoyenneté à Schola ULB, en quoi cette récompense est importante pour l’asbl selon vous ?
Lola : « Le soutien des clubs Rotary bruxellois est une nouvelle reconnaissance à ajouter au palmarès de Schola ULB. Outre l’aspect financier, cette récompense permet à l’ASBL de se faire connaitre auprès d’un autre type de public en étendant son réseau et ses soutiens. J’ai été très touchée que l’on fasse à nouveau appel à moi pour porter le projet de Schola ULB et décrire le fonctionnement du projet devant les membres des clubs Rotary. Chaque fois que Schola ULB reçoit un prix, elle gagne en visibilité. Mais c’est avant tout et surtout une valorisation de l’engagement des étudiants, du travail de l’équipe, du sérieux des élèves, de la participation des coordinateurs, …. »
■ Un petit mot que vous souhaiteriez transmettre aux acteurs qui agissent au sein de Schola ULB ?
Lola : « Je leur dirais merci et bravo ! Merci à tous ces étudiants-tuteurs qui, séance après séance, aident les élèves dans leurs apprentissages et leur parcours personnel. Merci aux enseignants, coordinateurs, qui collaborent et donnent de leur temps. Merci aux directions de nous accueillir dans leurs établissements. Merci enfin à la merveilleuse équipe de Schola pour leur travail et leur dévouement quotidien. Bravo aussi aux élèves qui sont prêts à rester après leurs heures de cours afin d’approfondir la matière, de remédier à leurs difficultés, de se donner les moyens d’y arriver. Bravo pour votre sérieux, votre assiduité et votre envie de réussir ! »
■ Si vous étiez une boisson chaude à déguster en hiver, laquelle seriez-vous et pourquoi ?
Lola : « Je serais un bon chocolat chaud avec de la chantilly car c’est tout ce dont j’ai envie par ce froid ; rendez-nous le soleil ! »